La mobilité est une capacité humaine précieuse, qui est très souvent tenue pour acquise jusqu’à ce qu’elle soit menacée. Si tu es atteint·e d’une SEP, tu dois savoir de quoi je parle !
Être en capacité de te déplacer efficacement dans ton environnement est un défi de chaque jour pour mieux vivre avec la sclérose en plaques.
À travers cet article, je t’explique concrètement ce qu’est la mobilité et pourquoi la travailler au quotidien est précieux pour ta santé et ton bien-être à long terme.
Et, comme dans chacun de mes articles, je t’emmène en voyage avec moi, cette fois-ci en Corée du Sud. Même si j’ai adoré ce pays, c’est aussi là-bas que je me suis rendu compte que je manquais énormément de souplesse et de mobilité… C’était frappant et parfois très handicapant.
Quelle est la différence entre souplesse et mobilité ?
Connais-tu la différence entre les termes « souplesse » et « mobilité » ? Il y a souvent beaucoup de confusion, alors je te fais un petit rappel.
La souplesse
Elle correspond à notre capacité à nous déplacer passivement à travers une amplitude de mouvement, notre capacité à étirer nos fibres musculaires, mais sans y ajouter de force. Il n’y a pas de contraction musculaire dans cette situation.
On se laisse faire soit en utilisant la gravité, soit avec l’aide d’une personne tierce.
💡 Exemple : on parle de souplesse si une personne vient lever notre jambe pour l'étirer.
La mobilité
Quant à la mobilité, il s’agit de notre capacité à nous déplacer activement à travers une amplitude de mouvement. Dans la mobilité, il y a une notion d’activation du système nerveux et de la contraction musculaire, une sorte de « contrôle ».
En d’autres termes, on va décider d’activer notre système nerveux ou non pour atteindre une certaine amplitude.
💡 Exemple : on parle de mobilité si je lève ma jambe jusqu'à ce que ça bloque. Il y a une notion de force et de contrôle neurologique. Mon corps contrôle.
La complémentarité entre souplesse & mobilité
En réalité, ces deux notions sont complémentaires. Ce qu’il manque au travail de souplesse, c’est cette notion de contrôle.
Je te donne un exemple concret pour que tu comprennes.
On pourrait imaginer que la souplesse est représentée par un vélo haut de gamme, très léger, tandis que la mobilité est représentée par les pédales et les freins bien entretenus, qui transmettent de la force au vélo.
Si tu prends ton vélo sans pédales et sans freins et que tu restes passif (en utilisant un élément extérieur, comme le fait de te faire tracter par une voiture ou de descendre une pente), tu utilises la gravité. Avec elle, on est d’accord que tu pourras facilement atteindre les 30 km/h, voire plus. Et pourtant il n’y a aucune activation de ta part, tu ne contractes pas tes muscles, tu n’actives pas ton système nerveux. Et si tu améliores ton vélo, si tu le rends plus léger et plus aérodynamique, tu pourras probablement aller encore plus vite. Mais il n’y aura aucun contrôle dans ce que tu fais.
Si l’on imagine que la mobilité correspond aux pédales et aux freins, et que tu as déjà un vélo léger et aérodynamique, tu pourras être encore plus performant·e sans aide extérieure, tu pourras te déplacer et même atteindre les 30 km/h. Mais si je te donne uniquement les pédales et les freins sans le vélo… tu n’iras pas bien loin.
Tu comprends ainsi que la souplesse est un prérequis à la mobilité. Sans souplesse, on ne peut être mobile.
Et les étirements dans tout ça ? Quel est leur rôle ?
Ce qu’il se passe dans ton corps quand tu t’étires…
Les étirements ont pour objectif de t’aider à gagner en souplesse. Grâce à eux, tu peux envoyer un message à ton système nerveux pour lui dire que tu acceptes d’aller plus loin, qu’il n’y a pas de risque de blessure. En effet, ce qui nous empêche très souvent d’aller plus loin avec notre corps, c‘est le réflexe myotatique…
Qu’est-ce que c’est concrètement ? 💡 Le réflexe myotatique peut se définir comme un mouvement ou un enchaînement de mouvements réflexes. Cette réaction est provoquée par une stimulation. Le réflexe myotatique contrôle ainsi les changements « brusques » ou « involontaires » de la longueur du muscle.
Avec l’étirement, on peut dire à son système nerveux : « C’est bon, tu peux y aller, c’est sans risques. » Petit à petit, les adaptations se font, et on peut gagner en souplesse. (Mais garde en tête que la souplesse reste une capacité à atteindre passivement une amplitude et qu’il n’y a pas de sollicitation du système nerveux.)
Quel est l’intérêt des étirements ?
J’ai tendance à penser que les étirements n’apportent qu’un soulagement sur le court terme et ne viennent pas régler concrètement le problème…
Prenons l’exemple d’une personne qui a un mode de vie très sédentaire, et qui, une fois par mois, sort marcher 30 km. Lorsqu’elle rentre chez elle le soir, elle a des douleurs aux muscles, qu’elle atténue grâce à des étirements.
Le mois suivant, cette personne réalise le même exercice, c’est-à-dire marcher de nouveau 30 km, sur le même tracé, avec le même dénivelé. Elle rentre chez elle et a de nouveau des douleurs, aussi intenses que le mois précédent. Elle réalise donc des massages et des étirements, et cela s’atténue. Cependant, physiologiquement, il ne s’est rien passé de plus. Elle n’a pas progressé entre ses deux sessions. Et si elle recommence le mois d’après, la situation ne changera pas.
Pour réduire ses douleurs sur le long terme, il existe selon moi deux solutions :
- réduire le nombre de km de ses sorties,
- y aller progressivement et plus fréquemment pour renforcer son corps et être capable de marcher 30 km sans avoir de douleurs…
L’étirement agit instantanément, alors que la mobilité se travaille et permet de mieux bouger, de dépenser moins d’énergie… Le corps est une machine qu‘il faut entretenir et entraîner !
Pourquoi est-il important de travailler sa mobilité pour vivre avec la sclérose en plaques ?
L’intérêt d’une bonne mobilité
La mobilité consiste à apprendre à développer de la force à des angles spécifiques d‘une articulation. C’est renforcer la fin de son amplitude de mouvement. C’est souvent avec sa mobilité que l’on est le plus limité…
Si notre système nerveux se sent faible en temps normal, on peut lui apprendre à être le plus fort possible pour aller dans des amplitudes inhabituelles.
J’aborderai plus tard le sujet de la proprioception. Mais, selon moi, avant de travailler notre proprioception, c’est-à-dire le fait de situer notre corps dans l’espace, nous devons d’abord apprendre à maîtriser notre corps dans l‘espace, pour que celui-ci soit mobile et fluide.
L‘exemple de la harpe, ou comment mettre toutes les chances de son côté pour mieux vivre avec la sclérose en plaques
Plus la mobilité des articulations engagées dans un mouvement est développée, plus le corps a d‘options pour produire de la force.
💡 Prenons l'exemple de la harpe.
Imaginons que travailler sa force et sa mobilité, et donc contrôler ses muscles dans toute leur amplitude de mouvement, c’est comme ajouter des cordes à sa harpe.
Si tu as 46 cordes à ta harpe, tu auras une bonne mobilité. Si tu as une SEP qui te laisse un déficit moteur par exemple, tu perds des cordes à ta harpe. Admettons que tu en perdes 14… Tu pourras toujours jouer de la belle musique avec ta harpe, puisqu’elle en aura encore 32.
Mais si tu as, de base, une mauvaise mobilité et peu d’amplitude de mouvement, tu débutes avec une harpe à 26 cordes. Tu arriveras certes à jouer de la musique, mais la mélodie ne sera pas fabuleuse… Et si la SEP vient t’en retirer 14 supplémentaires… il ne t’en restera plus que 12… Ce sera encore plus délicat d’arriver à jouer de la belle musique… La harpe se transforme en ukulélé.
La question est : est-ce que tu préfères écouter une mélodie de harpe ou une mélodie de ukulélé ? Je pense que la question est vite répondue…
De la même manière, la mélodie, c‘est ton contrôle, il est nécessaire que ton système nerveux continue de se sentir fort.
Solliciter le système nerveux
Lorsque le muscle s’étire vers une amplitude à laquelle il n’est pas habitué, ton système nerveux te dit : « Stop, on va trop loin, c’est trop risqué, ça va se déchirer ! » C’est le stress myotatique. Ton système nerveux sent qu’il est faible et contracte tes muscles pour te dire que c’est la fin : « Ne va pas plus loin ! »
Grâce aux exercices de mobilité, tu apprends à aller de plus en plus loin à chaque fois, sans que ton système nerveux te bloque.
Quel lien avec la sclérose en plaques ?
Avec nos modes de vie parfois très sédentaires, nous pouvons être contraints à certaines limites musculaires, et cela est d’autant plus vrai pour les personnes atteintes de SEP (du fait de l’activité de la maladie). À la SEP peuvent aussi s’ajouter :
- une perte du contrôle moteur,
- de la spasticité (raideur musculaire involontaire),
- une perte sensorielle,
- des déséquilibres.
Et parfois une multiplication de déficiences peut engendrer un effet de synergie. Par exemple : un trouble de la vue qui, en association avec un trouble moteur des jambes, peut aggraver un trouble de la marche…
Mon expérience avec la mobilité pour mieux vivre avec la sclérose en plaques
Mon manque de mobilité
Je manquais de mobilité au niveau de la cheville, et j’avais tendance à rester en dorsiflexion trop longtemps. De ce fait, il y avait un effet de compensation et une surexploitation de mon muscle tibial antérieur, celui qui actionne la rotation du pied vers le haut (un peu comme pour taper dans un ballon de foot).
Première chose : celui-ci n’était pas fait pour être autant sollicité, il fatiguait très vite.
Deuxième chose : sans cette sollicitation importante, du fait de ma première poussée, j’ai eu une grosse faiblesse nerveuse pour activer mon tibial antérieur.
Avec ces problèmes, je m’épuisais après avoir réalisé quelques kilomètres.
Comment j‘ai inversé la tendance et travailler ma mobilité pour bien vivre avec la sclérose en plaques au quotidien ?
J’ai tout fait pour renforcer mon tibial antérieur ! Mais comme il s’agissait d’une des séquelles de ma sclérose en plaques, le processus était très lent. Et on ne peut jamais garantir qu’il pourra être beaucoup renforcé…
Comme ma cheville était saine, j’ai travaillé sa mobilité pour qu’elle puisse venir en soutien et soulager mon tibial antérieur. D’autant plus que « normalement » ma cheville doit pouvoir se dérouler correctement pour ne pas chercher à compenser.
Résultats
Me concernant, aujourd’hui je n’ai presque plus de soucis aux jambes.
Évidemment, travailler ta mobilité ne va pas forcément résoudre TOUS tes problèmes. Mais, encore une fois, ici je t’expose simplement la façon dont j’ai réussi à améliorer ma forme physique. Et puis, disons-le, cela ne peut pas faire de mal si c’est bien fait. Cette pratique a un intérêt préventif.
Cet exemple est ainsi spécifique à mon parcours. Il ne faut évidemment pas résumer trop vite ce témoignage en : « Il faut travailler la mobilité de sa cheville pour marcher plus longtemps. » 😉
Mes meilleurs conseils pour travailler ta mobilité et mieux vivre avec la sclérose en plaques
Tu l’auras compris, il s’agit de mon expérience personnelle. Je ne suis ni porteur de vérité ni scientifique. Pour autant, je pense que la mobilité a vraiment du sens. Tu peux la travailler grâce à différentes pratiques comme le yoga, l’haltérophilie, la danse, les arts martiaux…
Voici quelques bonnes pratiques plus générales que tu peux mettre en place :
- Bouge tes articulations dans toute leur amplitude.
- Déplace-toi avec force, contrôle et stabilité.
- Ajuste l’intensité progressivement.
- Bouge régulièrement.
Si tu souhaites réaliser quelques exercices de mobilité, tu peux me suivre sur Instagram et t’inscrire à ma newsletter ! Je t’y livre tout un tas de conseils pour mieux vivre avec ta sclérose en plaques !
Alors, team harpe ou team ukulélé ? 😎
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