J’ai pu participer à l’édition 2021 de l’une des plus belles courses de France. Environ 20 km reliant Marseille à Cassis en passant par le parc National des Calanques et avec une vue plongeante sur la Méditerranée.
La course
Une course qui existe depuis plus de 40 ans sur laquelle on retrouve maintenant un peu plus de 20 000 coureurs qui s’y lancent avec bonheur et acharnement, aussi difficile et magnifique soit-elle.
Le départ se fait au niveau du mythique stade Vélodrome de Marseille et l’on se retrouve quelques kilomètres plus loin à gravir le col de la mort de la Gineste jusqu’au 10ᵉ kilomètre pour ensuite redescendre sur 10 km jusqu’à Cassis. Bon… ça, c’est pour la théorie.
Parce qu’en pratique, on a plutôt l’impression de gravir le col de la Gineste sur 50 km, et ensuite que ça ne fait que descendre, monter, descendre, et monter jusqu’à Cassis. Malgré tout on est récompensé par un paysage magnifique pendant la majorité du trajet.
C’est difficile, mais l’ambiance est bonne et l’on a trois ravitaillements sur le trajet, aux KM 5, 10 et 15. Pour les plus courageux un dernier ravito-plaisir en allant directement se baigner sur la plage de Cassis et réaliser son meilleur selfie avec la médaille.
La préparation
C’est indispensable, se lancer sur cette course sans préparation, c’est comme s’envoyer cul sec 20 bouteilles de champagne à jeun le jour de l’An. Il est fort probable que vous n’ailliez pas au bout et que vous finissiez en PLS sur le bas-côté avec les pompiers.
Trois mois avant la course…
Alors moi, j’ai commencé à m’entrainer trois mois avant la course. Avec l’objectif de simplement la finir en vie, et me concernant, c’était loin d’être facile.
Ceux qui me connaissent savent que je suis un sprinter, et non un coureur de fond et que je n’ai jamais été capable de courir plus de 30 minutes sans m’arrêter. Pour mon entrainement, je me suis rapproché d’un coach spécialisé en course à pied, qui m’a établi un programme personnalisé.
Si comme moi vous avez une sclérose en plaques et que vous souhaitez vous mettre à la course à pied, je vous conseille vivement d’éviter les programmes que vous trouverez sur internet. Je vous recommande plutôt de vous rapprocher d’un coach qui pourra vous proposer une programmation personnalisée, et qui pourra être adapté en fonction de votre progression. Cela a un coût, mais il est à mon avis totalement justifié. Si vous ne pouvez pas vous le permettre, vous pouvez toujours me contacter pour que je puisse vous proposer une solution.
Travailler mon endurance
Me concernant j’ai surtout travaillé mon endurance fondamentale, et je courais trois fois par semaine le matin avant d’attaquer ma journée de travail. J’ai ponctué mon entrainement avec des accélérations en ligne droite, mais également en côte. Sans être un marathonien j’ai eu la progression suivante :
- 3 mois avant Marseille Cassis : Course de 4 km en 30 minutes
- Une semaine avant Marseille-Cassis : Course de 5 km en 30 minutes
Ainsi, je le redis, en s’entrainant régulièrement, avec un programme personnalisé et avec un bon coach : on progresse forcément. Ce n’était pas toujours facile, mais je n’ai manqué aucun entrainement. Je me disais, à chaque fois que je ne voulais pas y aller : “Si tu t’autorises à sauter un entrainement, tu t’autoriseras de nouveau à le faire”
Le Jour J
Juste avant le départ
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La météo nous avait beaucoup inquiétés. Il pleuvait encore des cordes la vieille et l’on craignait de devoir courir sous la pluie. Finalement, ce sera grand soleil toute la matinée.
Nous arrivons très tôt, et nous nous dirigeons petit à petit vers le départ. On croise sur le chemin une file monstrueuse pour aller aux toilettes et dans ces moments-là, je me dis que je suis chanceux de pouvoir utiliser directement les urinoirs avec très peu de queue.
On se tient chaud tous ensemble jusqu’au sas de départ là où je jette mon pull dans les zones prévues à cet effet. Les pulls sont donnés à divers associations.
La première moitié
Sur les 10 premiers kilomètres, j’ai ma femme à mes côtés qui me tire et m’invite surtout à ne pas aller trop vite, elle connait le tracé et sait que la montée peut-être terrible pour moi. De plus, elle va chercher pour moi l’eau au ravitaillement pour que je reste totalement concentré sur ma course… (un grand merci à toi ma chérie si tu lis cet article 🙂 )
Arrive le KM 5 où l’on aperçoit l’interminable montée du col de la Gineste. Pour ma part, je suis en bas, beaucoup sont déjà en haut, psychologiquement ce moment est difficile. Je commence à me demander ce que je fais là et si je ne devrais pas plutôt commander un taxi pour m’emmener à Cassis.
Après tout plein de phrases très décourageantes qui passent dans ma tête, je décide de poser mon cerveau et d’attaquer cette montée aux côtés de Céline qui se met à mon rythme.
Pendant cette montée, j’ai ma montre connectée qui vibre, c’est notamment ma sœur et mes amis qui m’envoient des messages pour m’encourager!! Ils possédaient ma géolocalisation et leurs messages m’ont fait beaucoup de bien.
Arrivé au KM8 je décide de marcher un peu quelques mètres pour récupérer, et en repartant, j’ai la SEP qui vient toquer au carreau. Premier gros coup de jus qui me traverse le corps, cela dure moins d’une seconde, et cela ne m’empêche pas de repartir. Toujours sur cette montée interminable, au KM9 je m’arrête à nouveau et en repartant, un gros frisson me traverse de nouveau le corps… mais pareil, je continue comme si de rien n’était.
Arrivée enfin en haut du col de la Gineste, je sais que j’ai fait le plus dur (à ce moment-là j’ignore encore que l’arrivée sera difficile). Et là, je me dis je peux accélérer maintenant, c’est de la descente.
La deuxième moitié
Mon coach m’avait prévenu, beaucoup ne savent pas courir en descente et se font mal, je m’étais donc entrainé sur des descentes, et savais comment m’y prendre. En conséquence, dans la descente, je rattrape énormément de personne. Céline n’arrivera pas à suivre mon rythme, j’en suis moi-même surpris, et commence à croire que je suis un sportif de haut niveau haha. Mais, ma plus grosse surprise, c’est de voir qu’après un peu de descente, on remonte déjà, et que finalement jusqu’à Cassis, ce ne sera qu’une succession de descentes et de montées.
Arrivé au KM14, c’est beau, on commence à voir la Méditerranée, en revanche on a surtout le soleil en pleine face. Même si pour la majorité, cela ne change rien, me concernant avec la sclérose en plaques, je sens petit à petit que mon système nerveux déraille… Je me permets alors de ralentir jusqu’au ravitaillement du KM15. Je prends énormément d’eau, je réajuste correctement ma casquette, pour faire descendre la température du corps, mais cela ne change que très peu. J’ai perdu Céline, pour qui le fait de s’arrêter la fatiguait énormément, je lui ai donc proposé de continuer sans moi avec l’impression d’être à la guerre… “Part sans moi Bobby et sauve ta peau !” lui dirais-je.
Au KM16 craquage complet, je suis fatigué ! Mais vraiment fatigué ! Je me demande encore si je vais y arriver et en même temps je suis tellement fier d’être arrivé jusqu’ici. Pareil, je pensais avoir abandonné mon cerveau au KM6, alors je reprends mes esprits à ce moment-là et me concentre uniquement sur les encouragements de la foule ! Et, je prends une photo parce que c’est super joli.
L’arrivée
J’arrive enfin à Cassis… en me disant à chaque montée “J’espère que c’est la dernière montée”. Je finis par voir l’arrivée approcher et là, je donne tout ce que j’ai en accélérant et en dépassant quelques personnes.
Et enfin... j'ai réussi !
Les jours d’après
Comme je le dis dans mon post Instagram, je cherchais surtout à faire quelque chose que je n’avais pas réussi à faire avant le diagnostic de la SEP. Ainsi, je ne m’étais pas fixé d’objectif de chrono, simplement envie de prendre du plaisir et de réussir cette course.
C’était du bonheur, mais pas seulement ! Un sentiment de fierté, d’accomplissement ! C’est agréable ! Et, pas uniquement vis-à-vis du challenge sportif, mais également vis-à-vis de la SEP.
Je suis donc fier de moi. Content d’avoir été régulier pendant tous ces entraînements qui ont fini par payer. Je m’accorde après cette course un long repos, avant de reprendre les entraînements pour ma prochaine course : le semi-marathon d’Hyères.
Si vous aussi vous avez réalisé votre propre challenge sportif, racontez-moi en commentaire, ça m’intéresse.
Cet article a 3 commentaires
Bravo pour ta course. Une vraie force en toi. Et se sourire toujours la quoi qu’il arrive. Je t’applaudis encore et encore.
Cynthia tout simplement
Merci beaucoup Cynthia pour ces mots. Mais pendant la course il m’est arrivé quelques fois de tirer la grimace haha. 😀
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